Phnom Penh, l'Ile de la soie, Trapaing Anchang


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Mardi 19 février : Nous cherchons notre nom sur le panneau du chauffeur réservé depuis la France auprès de l'agence avec laquelle nous avions fait nos premiers pas de touristes à Phnom Penh en 2006. Là, surprise ! Sengsong Mov, notre guide du voyage précédent, nous attend, tout sourire -il s'était souvenu de notre nom et avait souhaité nous accueillir-. 
Bienvenue au Cambodge, le séjour commence super bien !


De Pochentong au Quai Sisovath, de nouvelles constructions, usines de confection, magasins, immeubles... ! La ville pousse à vitesse grand V. Impressionnant !

Arrivées à l'hôtel Bougainvillier (chambre très agréable, staff un peu décontracté, c'est souvent le cas dans le pays), à peine le temps de prendre congé de Sengsong, Claudie est interpelée par une jeune femme Kmere :
Channa.

Channa qui parle anglais et français (un peu...) avec qui j'échange des courriels depuis plusieurs mois, sera notre guide, notre amie, notre petite soeur-Kmère...
Elle ne nous laisse pas le temps de réfléchir, de nous installer, juste celui de changer nos vêtements contre des plus légers (il fait 25 ° de plus qu'à Nice). Channa nous présente le chauffeur de tuk tuk qui nous accompagnera durant notre séjour dans la Capitale et nous propose d'aller déjeuner. Direction le
Kmer Surin 9 street 57 l'adresse est à retenir, la cuisine est bonne et le cadre très verdoyant, reposant en plein centre ville.

Le déjeuner tous les 4 est très plaisant, nous apprenons à nous connaître, Sinath fait des efforts pour parler français.

Après-midi en promenade dans la ville, au grès du vent... Channa est la guide 2008, Claudie la guide années 50... l'une et l'autre prennent plaisir à se poser des questions, je suis la spectatrice privilégiée de leurs échanges. Super !

Quelques friandises, après les mangues, papayes, mangoustans, fruits du dragon,
des sauterelles, cafards, vers à soie et autres mygales...


Rendez-vous est pris pour aller diner avec nos deux compagnons Cambodgiens. A table, Channa chipotte, prétexte avoir trop mangé à midi, ne pas avoir faim... Lorsque nous quittons le restaurant, elle nous présentera son mari venu la chercher pour rentrer à la maison. Nous soupçonnons qu'il a profité du repas que sa femme a refusé, caché quelque part... Si nous avions su...

En tête à tête beaucoup d'interrogation... un non-dit qui nous dérange. Que pouvons nous faire pour eux ? Surtout... ne pas troubler leur dignité !


Mercredi 20 février : journée à fureter... dans le vieux marché (psaar chah) près de l'hôtel, nous adorons les marchés.
sur le quai Sisovath nous marchandons un des bateaux et nous partons au fil de l'eau sur le Tonlé Sap et le Mékong.

Le notre c'est celui de droite, vous venez y'a d'la place pour tout l'monde
15 usd l'heure...on partage c'est moins cher !

L'après midi, Sinath nous amène, à notre demande, dans le quartier de Chruoy Changvar ou nous recherchons, en vain, la maison .. ou habitait Tante Ida durant les années 60, pas loin d'une résidence du Prince Sihanouk.... Malgré nos demandes, personne ne sait nous diriger. Nous abandonnons. Comment expliquer, de retour en France à une personne de 86 ans que tout a changé, plus rien n'existe, la vie s'est arrêtée un moment...définitivement pour certains ! Que la ville se reconstruit un peu n'importe comment.
Cette promenade nous aura permis de découvrir une très jolie pagode en forme de bateau.


























Diner au Restaurant Ponlok, établissement très fréquenté par la clientèle locale mais aussi par les touristes. On y mange pas mal, mais je me pose beaucoup de questions : ces enfants (une dizaine d'années à peine) qui nous servent, quel est leur sort ? Un serveur nous explique que se sont des enfants des rues, ils ont le gîte et le couvert. Je dis à Claudie, en voulant me convaincre, qu'ils sont nourris, propres, qu'ils apprennent les rudiments d'un métier... que c'est bien ! Vont-ils à l'école ? La question restera sans réponse.
Sur le chemin de retour à l'hôtel, de nombreuses femmes avec leurs enfants dorment sur les trottoirs. Quelle misère ! Ce sujet reviendra lors d'une conversation que nous aurons sur la pauvreté au Cambodge et en France, avec une Kmere vivant en France.
Jeudi 21 février : 9h Rendez-vous avec Sinath. Nous partons pour Koh Dach, Roger et Alan, aiment tellement cette île. Ils en parlent si bien sur Voyage Forum et Tashi Delek,nous voulons nous faire notre propre opinion ! Le blog de Canaima donne une description très précieuse, il est très beau je vous le recommande vivement. La traversée s'avère être un premier moment de pur bonheur, loin du tourisme et de toutes ses dérives ! Des vendeuses sont avec nous sur le bac et bien évidemment nous dirigent vers les maisons sous lesquelles sont installés leur métier à tisser, elles nous font une démonstration et sortent les kramas et autres écharpes. Nous acheterons quelques souvenirs et plus personne ne nous sollicitera durant notre présence sur l'île. Nous apprécions le calme à quelques encablures de Phnom Penh !



Nous découvrons des terrains fertiles, bien irrigués, de belles cultures. Nous nous dirigeons vers le dispensaire pour y déposer les quelques médicaments de premières nécessités que nous avons emportés à leur intention. Deux femmes en prennent livraison avec force sourires et remerciements. Le dialogue est impossible, mais les regards en disent long. Nous aimerions faire d'avantage, mais un peu ici, un peu là...




sous chaque maison, un métier à tisser


Visite du marché Kbal Koh (un de plus !) , de la Pagode Samaki ou les îliens nous proposent de partager leur repas, nous refusons. Un curry vert a été commandé par Roger à ses belles-filles, nous devons y faire honneur ! à la Villa Koh Dach Marady nous accueille, esquisse quelques mots de français timidement. Nous faisons connaissance de Bo, son bébé Sabay.

Promenade sur l'île. Dans le jardin d'une des 7 pagodes de l'ile, je retrouve l'arbre que j'avais déjà admiré au Palais Royal, le couroupita Guianensis. Sa fleur à, aux dires de Sinath, des vertues médicinales. J'apprendrais par la suite que la décoction de sa fleur séchée est antimicrobienne et antifongique.







le couroupita guianensis mesure de 30 à 35 m, ses gros fruits sont connus pour tomber soudainement,
d'ou son surnom "arbre à boulets de canon"




Vendredi 22 févier : à 8 h 30 Channa est là, alors que nous ne l'attendions qu'à 10 heures... Chère Channa avec vous, j'ai oublié que j'étais une femme organisée. Merci, c'était très bien ainsi !!! Donc nouveau rendez-vous est pris à 15 heures vous serez devant l'hôtel avec Sinath pour nous accompagner chez vous. Nous sommes très touchées de cet honneur !

Nous avons la matinée pour faire nos dernières emplettes au Russian Market, l'endroit ou l'on trouve tout... et le reste ! L'endroit ou l'on fait des affaires ! Parfois...
Repas au Bopha Titanic, nous aimons y déguster un plat en admirant la vie sur le Tonlé Sap, l'arrivée des bateaux rapides en provenance de Siem Reap, de Kratié. La prochaine fois, nous privilégirons ce moyen de transport.

15 heures : nos 2 amis Cambodgiens, sont là. Petit passage obligé par l'ancien quartier colonial, (pas une journée à Phnom Penh sans que Claudie échappe à l'envie d'aller voir si “sa maison” est toujours là...). En passant par le boulevard Monivong, Claudie demande à Sinath d'arrêter son tuk tuk devant le l'ancien Lycée de jeunes filles Cambodgiennes ou Ninette était Directrice. Claudie aperçoit un homme qui entre, elle le suit. Il s'agit du Directeur du Lycée public, elle explique qu'elle aimerait visiter l'établissement... que ci ....que la et les voilà partis tous les deux à faire le tour des lieux. Claudie filme avec émotion et pense à ce qu'elle va pouvoir montrer à notre vieille amie en rentrant en France.. Hélàs ! Notre chère Ninette, 81 ans vient de s'endornir pour toujours sur son fauteuil, le 7 mars. Les anciennes d'Indochine se font rares, les messieurs sont partis depuis longtemps...

la maison

Nous poursuivons notre route vers la maison de Channa, nous dépassons Pochentong, nous dépassons le golf (tiens ! Il y a donc un golf à Phnom Penh ??), nous empruntons des pistes, des chemins et nous arrivons à Trapaing Anchang. Elle me montre quelques photos, ses parents -qu'elle n'a pas connus “victimes de la guerre civile”-, ses grands parents qui l'on élevée. Un bien maigre trésor dans un porte feuilles rangé au fond d'une armoire en plastique.... Elle m'explique que l'eau leur est livrée, me montre le réservoir...., que l'électricité leur est distribuée de 18 h jusqu'à 23 h, elle nous offre en souvenir des balais en coco. Je lui dépose en partant les petits souvenirs que nous avons préparés à son intention et les babioles pour les enfants ainsi que l'enveloppe en remerciement avec quelques dollars. Difficile d'estimer ce que nous pouvons lui donner pour lui marquer notre gratitude et la remercier de sa gentillesse, ne pas lui donner plus que le salaire mensuel de son mari.... lui donner suffisamment.

Channa récupère ses enfants chez la nounou qui s'en occupe pendant que son mari et elle travaillent. Les deux enfants semblent impressionnés par ses deux dames à la peau blanche et aux cheveux gris... la petite sera la première à nous sourire. Channa, ses enfants et la Nounou profitent du tuk tuk qui nous ramène à notre hôtel pour aller à Phnom Penh. Tout ce petit monde fera le voyage de retour sur la moto du père de famille, 3 adultes, deux enfants, c'est courant au Cambodge.... Nous ne voulons pas les voir partir. Regarder circuler ainsi des gens que nous ne connaissons pas, ça nous amuse. Lorsque nous les connaissons, ça nous fait peur !



en direction de Phnom Penh

tant qu'il n'y aura pas de transport en commun, les familles se déplaceront ainsi...
Pour quelle raison le père de famille porte un casque ?


Un peu plus haut je vous conseillais la lecture du "Carnet d'Asies" de Chris Tian Vidal. Chris Tian, c'est à lui que je dois d'avoir connu Channa. Il nous a offert le privilège d'approcher la vie réelle de gens, comme nous, qui vivent à des années lumières de notre ordinaire...

De cela je te remercie Chris Tian et je te garde toute mon amitié. Demeure un de ses êtres d'exception que j'aime à connaître.

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